Maurice Nadeau distingue trois phases dans le développement du mouvement surréaliste-une période héroïque, une période analytique, et une période d’autonomie. Malgrè cette distinction, le surréalisme a toujours été multiple; des surréalismes peuvent bien se développer et rester vivalts dans les têtes. Durant l’année 1923, deux figures du monde littéraire et théâtral, Ivan Goll et Pau Dermée se réfèrent au terme ‘surréalisme’ inventé par Apollinaire en 1917 pour spécifier une forme d’expression dont les effets vont au-delà du réalisme, souvent grâce à des juxtapositions inattendues-une manifestation de ce qu’il appelle alors l’esprit nouveau. En même temps, il avait prononcé une conférence au théâtre du Vieux-Colombier, ‘l’esprit nouveau’. dans alquelle il faisait allusion aux poètes qui vous conduiront, viavnts et éveillés, dans le monde nocturne et clos du rêve. Ailleurs, on retouve souvent dans l’écriture surréaliste les éléménts relatifs au mystérieux et au merveilleux de l’art surréaliste, parfois diamétralement et parois plus subtilement opposés. Les traces, les pistes et les signaux désignent un extérieur et un intérieur. Une grande scène semble se jouer sous nos yeux, à moins qu’elle ne viennent de se dérouler, ne laissant que le décor. Les rapports entre les objets et les individus sont esquissés, suggérés, rarement explicités. La cruyauté semble chose courante, à donner foid dans le dos. Pourtant, une certaine dignité, une impassibilité face au destin se laissent deviner. Les objets ne sont plus bienveillants, chacun paraït porter en lui le poids d’un non-dit souvent menaçant. Un certain nombre de commentateurs ont établi un lien entre la violence et l’angoisse présentes ou implicites dans de nombreuses oeuvres surréalistes et les traumatisme engendrés par la première guerre mondiale. Ce lien est devenu en quelque sorte une découverte esthétique de la sensibilité contemporaine, souvent réinventée par les artistes. Ensuite, dans le domaine de la mode, on retrouve des imges et des objets surréalistes le plus souvent préférés ou profités par les inventeurs de la mode. Comme a dit Aragon, “la femme est l’avenir de l’homme”. Femme voyante, épouse castratrice, mélusine enchantée ou miroir de tous les fantasmes, cette femme douée des pouvoirs magiques de toute sorcière bien-aimée recourt à la mode pour exercer ses artifices. Avec son cérémonial, véritable machine à chavrier l’esprit, le surréalisme, près d’un siècle après sa mis en règle, influence encore aux gens de la mode. Peut-être même constitue-t-il le meilleur d’une mode qui aujourd’hui se porte moins qu’elle ne s’exhibe. Interroge moins qu’elle n’interpelle. Etonné moins désormais qu’elle ne détourne. Associant quête et désir, espoir et réalité comme les moteurs essentiels d’une hypothétique, mais définitive, libération des moeurs.
Le surréalisme n’est pas encore mort. Selon Michael Lowy, le mouvement surréaliste était caractérisé par la devise bien connue combinant à la fois le transformer le monde de Karl Marxe et le changer la vie d’Arthur Rimbaud et ne pouvait se réduire à l’objectif contenu dans la phase anondine figurant dans le catalogue de l’exposition: “Participer à l’organisation de la société”. De fait, cette formulation faisait plus penser à une vente de charité annoncé dans un journal local qu’à l’aventure de transformation du monde et de l’esprit suggérée par le grand mot de ‘révolution’. Dans les oeuvres contemporaines qui s’inspirent de l’héritage surréaliste, on retrouve cette atmosphère d’excitation, de paradoxe, de contestation authentique, de parti pris et, surtout, de parti laissée au hasard. Ce qui ressort de la convergence de ces regards contemporains sur l’inquiétante étrangeté, l’inattendu et la passion pourrait bien être-si nous savons l’aborder dans une attitude de disponibilité-cet état de conscience transformé dans lequel le surréalisme continue d’exister.